Quelle valeur donner à la photographie ?

Lors de mon précédent, et premier,  article, j’ai eu l’occasion de partager avec vous une ancienne photographie qui a eu une importance capitale dans la construction de mon identité.  C’était aussi l’occasion pour voir de partager avec vous mes valeurs, mes appréhensions, mais surtout, et aussi, la manière dont je conçois mes rapports avec les autres et les photographies. Je vous y expliquais l’importance des souvenirs. Au quotidien, et vous l’aurez compris, je suis de l’autre côté de la barrière. A partir des photographies, je me porte la garante de votre histoire et de vos souvenirs.

Je vous avoue que ne n’ai pas été capable de relire ce premier texte à haute voix pour que Richard me donne son avis. C’est un texte intime et personnel. Alors, quand j’ai commencé à le lire,  ma gorge s’est serrée et ma voix s’est éteinte doucement. J’aborde rarement ces thèmes-là.

Mais qu’est ce que le vrai partage au fond, si ce n’est ce moment d’éternité où nous ne sommes plus que nous-même, sans artifice ? En partageant, nous confions notre part d’humanité sans méfiance ni crainte.

 

Les réseaux sociaux sont un miroir déformant

Je suis photographe. Je suis habituée au déferlement d’images sur les réseaux sociaux, les supports publicitaires et le stockage tout azimut de photographies sur les disques durs de nos ordinateurs. Je regarde ce monde aujourd’hui s’agiter.

Pourtant, je continue à m’extasier sur chaque photographies anciennes que nos clients nous emmènent : trésors à  restaurer, retoucher et reproduire. Derrière, subsistent au-delà du temps, les racines qui forgent l’histoire d’une famille.

 

Nos photos désormais ne revêtent plus la même importance parce que nous les « partageons » dit-on. Facebook, et Instagram nous font espérer « like » et « contribution » d’amis virtuels. Mais, souvent, disons le ouvertement ils n’en ont cure. Forts de cet espoir, nous mitraillons des milliers de clichés. Nous sommes entrés dans l’ère du numérique.

Pour répondre à notre boulimie de consommation, on nous a vendu des idées toutes faites sur  la photographie. Nous sommes tous consommateurs de photos et c’est ici que se pose la vraie question de l’intérêt que vous portez vous-même à vos photos.

Richard et moi avons l’avantage de posséder une studio de photographies à Chantilly – en Picardie, non loin de Gouvieux, de Lamorlaye et Paris. Chaque jour, nous y recevons nos clients. Et parfois nous sommes confrontés à ces messages dénaturés sur notre métier. Je suis sûre qu’on vous les a insidieusement glissés dans le creux de l’oreille : les agences de communication les élaborent minutieusement.

Mais avez-vous déjà fait connaissance avec les imposantes rotatives qui impriment vos photos sans jamais aucun opérateur derrière ? Vous a-t-on jamais informé que le papier photo est doté d’une date de péremption ? Celle-ci garantira en partie la qualité de conservation de vos photos dans le temps. Quel interlocuteur s’est jamais proposé de vous répondre en cas de nécessité ? Traite-t-on en fait vos photographies à la hauteur de votre intérêt pour elles ?

Cela touche notre métier de photographe, et plus largement, notre vision de la photographie. Et c’est sur ce terrain que je veux, ici, vous emmener. Richard et moi avons pris, depuis longtemps, le parti de la qualité contre la quantité.

Bien sûr, nous aurions pu nous glisser dans cette faille consumériste. Elle consiste à vous faire les mêmes propositions. Le procédé est déjà rodé. Ces structures brassent quotidiennement des millions de photographies et d’albums.

A cet endroit de ma rédaction, un tas d’images, et d’anecdotes tirées de la vie de notre boutique me viennent à l’esprit. Je vais vous faire part de quelques unes car elles parleront d’elles même. Elle viendront illustrer de manière bien plus concrète la question qui vient d’être posée, de la quantité, de la qualité, du sens des photos, de votre position par rapport à cela :

Je reçois un jour une cliente à la recherche de renseignements sur le prix de nos prestations de portrait en studio à Chantilly. Elle m’assène un… « mais c’est juste une photo » en retour à ma réponse. Le paradoxe c’est ça ; avoir conscience que toute photo a une part importante dans nos vies, d’où le sentiment que nous nommerons basiquement « besoin », mais cette fébrilité ambiante à « faire de la photo » a ôté de la valeur à la photo en tant que telle.

– Une autre fois, sur un appel téléphonique concernant le même sujet de discussion, la personne me demande si nous imprimons nos photos de portrait, et il s’agit bien là de portrait en studio, sur des taies d’oreiller.

Enfin, une commande de photos issues d’un portrait dont le destin sera de finir dans l’entreprise de scrapbooking de sa propriétaire.

 

Demain la renaissance de la photographie

Un fait néanmoins de plus en plus récurent me fait sourire. A mesure que les mois passent, nous accueillons de plus en plus de jeunes dont la tranche d’âge les rattache à cette génération hyper connectée. Ils réservent leur portrait, en famille, en fratrie. Ils sont les instigateurs conscients d’un autre univers de la photographie, le notre.

Et c’est bien cela que nous voulons pour vous, pour nous, la différence. Nous voulons nous en inspirer pour que nos photographies vous décrivent.  La différence se situe autant dans la prise de vue que  lorsque nous travaillons à leur façonnage.

Et, ce lendemain m’enchante, vraiment. Ce n’est pas qu’une tournure. Cela m’enchante de découvrir cette jeune génération qui retourne aux sources. Peu importe qu’elle mitraille des photos à en faire imploser leur téléphone, je sais aujourd’hui, qu’elle confiera la construction de leurs souvenirs aux photographes. Et c’est bien finalement ici que se trouve notre place.

Chacune de nos photographie sont imprégnée de votre propre personnalité et recouvertes de notre savoir faire.

 

 

 

 

 

Publié, avec amour, par Navy Millet.