Un lieu vide

C’était un studio de photographie :

Ce n’est plus qu’un local :

Nous y accueillions la vie, la votre et la notre partagée dans un lieu exceptionnel tout en douceur et en clarté. A travers ces murs, la lumière et le tohu-bohu que nous y avons emmené car la Vie est un bouillonnement.

Autrement dit, si vous passiez à côté de notre studio, il n’était pas aisé d’interpréter du dehors, l’association entre les éclats de rire et la rudesse de ce local industriel, jusqu’à ce que vos yeux se posent sur l’indice apposé sur la porte bleue. C’est un local de photographie.

Navy et Richard Millet Photographes

Mais, un certain 16 mars a tout arrêté. Et, notre studio est désormais vide…sans vous.

Un mois s’est écoulé, et réellement je répugnais à mettre des mots sur ce fulgurant bouleversement. Pourtant, même loin de renoncer, nous avons eu à déployer une énergie invraisemblable à traquer les aides pour braver cette période. Cette quête interminable nous a laissé exsangues.

Même aujourd’hui, j’ai du mal à réunir les images de mes réflexions pour vous dépeindre mon état. J’imagine que c’est le juste corollaire d’une conjoncture régie par une multitude d’incertitudes.

Une seule idée reste claire cependant et nous taraude aujourd’hui comme bon nombre d’indépendants. Quand allons nous à nouveau être les acteurs de nos existences ? Car sommes toutes, il n’y a ni jouissance, ni contentement à faire l’aumône, et aucune fierté à retirer de la perspective d’un marasme économique. Nous sommes aujourd’hui les prévenus d’un procès dont nous ne connaissons pas le verdict. Le juge arbore quant à lui un bien énigmatique masque.

Alors dans ce fouillis, une chose essentielle nous est connue…nous sommes industrieux et ingénieux, chevronnés et efficaces. Mais quand viendra ce moment tant attendu où les portes de nos cellules s’ouvriront à nouveaux parce que nous nous sentons des âmes de gladiateurs ?!

Sans vous :

Je me suis découvert comme des millions de papas et de mamans des aptitudes d’enseignante pour notre collégien de fils.

Sans le citer, il me semble important de saluer le message extrêmement touchant d’un des conseillés d’éducation de celui-ci, et qui exprime avec simplicité mais tant de justesse ce que j’aimerais vous dire.

Je le cite : « vous nous manquez beaucoup », « comme nous avons hâte de vous retrouver ». « le collège est triste sans vous ». Notre studio est lui aussi… triste sans vous !

Ainsi, même si j’ai souvent pensé à vous durant cette période de mutisme, je ne vous ai pas écrit. Pas encore ! Parce que mon cerveau n’est plus qu’une purée de pensées qui se superposent en désordre.

Pour le moment nous n’avons pas les moyens, nous ne sommes pas autorisés à vous revoir. Toutefois, soyez en assurés, le jour venu, nous serons prêts et vous serez informés. Votre sécurité sera assurée. Je m’y engage personnellement, car elle est aussi l’assurance de notre sérénité.

Avec vous :

Il est simple de vous dessiner notre outil de travail qui s’adaptera plutôt aisément à nos nouvelles règles de vie. C’est un espace presque totalement ouvert sur 156 mètres carrés dans lequel nous ne recevions déjà que sur rendez-vous.

 

 

Les règles d’hygiène élémentaire étaient déjà de rigueur pour nos mamans, papas, et leur bébé.

Avant même ce diable de virus, l’usage de nos objectifs photo, attachés à nos boitiers, veut que de toutes les façons, une distance requise par les techniques de prise de vue était déjà nécessaire.

Néanmoins, nous redoublerons d’exigences parce que c’est devenue une immense responsabilité et attendons donc d’être orientés vers le protocole approprié.

Nos garanties :

Pour l’ensemble de ceux qui attendent leurs portraits :

La fermeture administrative imposée dans la gestion de cette crise nous a comme pétrifiés dans le temps. Les dossiers de vos commandes sont là, disposés à leur endroit. On pourrait se croire dans un de ces contes de notre enfance. Le temps reste suspendu.

Equipé d’un misérable ordinateur portable, nous tentons de nous opposer à cet état de fait mais hélas la tâche est ardue. Les choses seront bien autres lorsque nous récupérerons nos supers engins…c’est promis.

Et oui, je vous soulève le voile de notre backstage « traitement de l’image », celle de l’optimisation des couleurs, de l’amélioration du grain de peau, et des retouches. Avec du savoir faire, plus l’écran est conséquent par sa taille et par sa qualité, plus la disparition sera subtile, et disons le, indiscernable !

Hop ! plus de boutons, plus de tâche, plus de bavouilli sur la frimousse de bébé…Pas même une micro fil qui dépasse ! Rien.

C’est aussi cette partie invisible de l’iceberg que nous nous devons de vous offrir.

Pour tous ceux qui ont du reporter leur rendez-vous :

Nous serons plus que jamais en forme, un peu empâtés mais en forme !

Alors, dores et déjà, faites le point avec vos proches pour faire matcher les agendas, et prenons rendez-vous ensemble. Vous voulez ?! On reprend là où l’on en était…ou presque.

Ces premiers moments seront spéciaux, comme un renouveau. Ce sera ce printemps que l’on nous a volé, ces échanges que l’on nous a confisqués. On va réapprendre avec vous à se placer, à vous guider, à vous accompagner.

A tous ceux que je ne connais pas encore :

Plus que jamais, Covid nous a fait réaliser ce que c’était que la préciosité, l’absolu, l’indispensable, l’essentiel de notre Vie.

N’attendez pas. « la tragédie de la Vie c’est qu’on devient vieux trop tôt et sage trop tard » (Benjamin Franklin).

Ce sera toujours le moment idéal pour conserver en souvenir l’image d’un sourire tendre ou d’un regard cher.

Soyez les bienvenus.

Publié, avec amour, par Navy Millet.