
Richard et moi sommes photographes, installés à Chantilly, en Picardie, à quelques kilomètres de Paris. Nous avons toujours souhaité partager avec vous notre vision de la photographie et de notre métier.
Je vais vous confier une part de mon enfance pour inaugurer ce premier volet de notre échange, sûrement parce que c’est cette image-là qui me vient à l’esprit quand on me demande ce que représente la photographie pour moi.
Je m’appelle Navy. Je suis née dans un pays aux couleurs d’orient. J’y ai vécu les trois premières années de mon enfance. Fuir, se réfugier quelque part dans un autre pays ; c’est ce que nous avons fait mes parents et moi, lorsqu’il y a eu la guerre. Nous avons été accueillis, ici, en France. De notre pays, nous n’avions plus ni repères, ni souvenirs. Tout avait été englouti.
Sauf, un petit bout de papier. Mon père l’avait glissé dans son portefeuille avant le grand départ. On y voit une image heureuse, une photographie de moi, bébé encore dans les bras de ma maman, jeune, souriante. Ma mère porte une robe à fleurs et est coiffée d’un chignon. En arrière plan, on perçoit le magnétophone à bande de la maison. Si je la regarde un peu plus près encore, j’en vois tous les détails : le regard que me lance ma mère, la manière dont elle me tient contre elle, le pendentif en forme de cœur que je me souviens porter à ma bouche comme pour me rassurer. Je me souviens aussi des rainures qui le parcouraient et de la sensation sous mes doigts.
Il n’y a pas, à ce jour, d’objet plus précieux et symbolique à mes yeux que cette photographie. Cette image m’aide à me souvenir. Elle fait partie de mon histoire. Aujourd’hui, si elle est jaunie et écornée, elle n’a perdu aucune valeur. Mon fils connaît bien sûr cette photo, et je la lui confierai quand le moment sera venu.
Ne vous laissez jamais dire qu’une photo n’est qu’un morceau de papier et que vous n’avez pas le temps de prendre des photographies : il n’y a plus grand trésor de souvenir que des photographies.
Nous sommes ainsi faits. Il nous est impossible de conserver tous les détails d’un instant : la lumière de ce jour-là, la couleur de ses vêtements, son sourire, la manière dont elle avait arrangé ses cheveux, comment était la table, il lui ressemblait tellement, oui ! J’adorais ce sac à main…
Les photos sont là pour nous parler de ceux que nous n’avons pas connus, mais aussi et surtout réveiller ces instants perdus au fond de notre mémoire. Et, chacun emmènera sa part de commentaires et d’histoire pour le partage. Cet instant, cet échange-là, sera mémorable un jour prochain.
J’ai conscience que mon histoire est particulière. Je tenais à vous l’expliquer pour que vous compreniez mieux nos intentions lorsque, Richard et moi traitons vos photographies, et plus largement, de votre histoire. Que ce soient celles que vous nous confiez, dans le contexte de notre laboratoire, ou celles sur lesquelles nous œuvrons lorsque nous réalisons les prises de vue de votre portrait ou de votre mariage ; nous y accordons toujours beaucoup d’attention, de bienveillance et d’émotions. Nous avons connaissance, et avons conscience, de l’importance des images dans votre histoire.
La photographie aujourd’hui est mon métier, et celui de mon mari. Nous attachons beaucoup d’importance tant à la qualité du travail que nous apposons sur chacune de ces images, qu’aux supports sur lesquels nous vous les confions.
Nous avons conscience qu’elles feront partie de votre patrimoine.
Bonjour, votre texte est touchant. Je vous souhaite de toujours réussir dans ce que vous entreprendrez. Bravo !
Merci John pour les mots remplis de bienveillance que vous nous avez laissé ici. Notre blog existe pour que nous puissions échanger tous ensemble, c’est comme ça que Richard et moi l’avons souhaité, même si le sujet central reste la photographie. J’espère que nous aurons l’occasion de partager sur cet espace , car je reste persuadée que nous avons tant à nous apporter.
Quel joli texte plein de poésie et d’amour . Votre professionnalisme vous honore ! Continuez à faire des photographies des instants de mémoire …
Audrey, vous savez maintenant l’attachement que nous vous portons. Vous nous avez honorés de votre confiance,il nous semblait normal de faire aussi partie de ce partage, comme un grand merci à des personnes comme Willy, vous, et votre petit bonhomme. Nous serons heureux de vous revoir bientôt
C’est ce que j’aime le plus dans la photographie : cette capacité à capter des instants, des moments, des souvenirs, des sentiments… ce fragment de moment…
🙂
C’est exactement ça Adrienne ! Une photo c’est un peu comme cette boîte aux trésors, qu’enfant on remplit de tout un tas de choses « précieuses » et sur laquelle on retombe un jour, et les souvenirs refont surface…
Que dire de plus sinon mon émotion
Ce sont des épreuves aussi éprouvantes soient elles qui mous permettent de regarder avec le coeur lors de la photo et d aller chercher ce qui se cache derrière l apparence
Le chemin parcouru avec ses obstacles vous a permis de developper votre grande sensibilité qui se lit dans les merveilleux résultats photographiques que vous obtenez
Je suis fière de vous
Merci beaucoup😀😀
[…] j’ai souri en lisant le premier article de Navy. Navy et Richard sont amoureux et passionnés. Ils aiment les échanges et les rencontres. Ils sont […]
[…] de mon précédent article, j’ai eu l’occasion de partager avec vous une ancienne photo. C’est un épisode important […]
la photographie a le mérite de rendre visible les choses invisibles. Elle réveille des sentiments, perpétue des souvenirs. La photographie est un art culturel. Grand merci à votre papa pour ne pas avoir oublié cette photo, son histoire, ses racines.
Cher monsieur Montels,
C’est avec beaucoup d’émotion que je parcours ces quelques lignes que vous avez laissé gentiment ici, et résumé si clairement ce que mon métier de photographe représente. C’est avec d’autant plus d’émotion que mon père n’est plus là aujourd’hui pour les lire. Mais sa vie a été empreint de belles rencontres et d’amour. Sa présence nous accompagne chaque jour et je suis fier de pouvoir continuer à écrire cette histoire. Merci à vous de ne pas avoir oublié qui était mon père.
[…] position à la lumière de mon exposé. Que vous importe la multitude, si je vous parle d’ Eternité. Certains de vos investissements s’inscrivent au delà des registres de prix que je vous […]